Le 13 mai mobilisation contre la précarisation de l’enseignement supérieur artistique et du champ professionnel de la culture, pour un service public de l’art et du design,pour une continuité de revenus des artistes-auteur·ices

L’inter-organisation Écoles d’art et design en lutte et les organisations portant le projet de loi pour une continuité de revenus des artistes-auteur·ices appellent à une journée de grève et de mobilisation le 13 mai contre la précarisation de l’enseignement supérieur artistique et du champ professionnel de la culture.

Cet appel s’inscrit dans un moment de lutte important pour les travailleur·euses de l’art avec un rendez-vous le 13 mai au Ministère de la culture pour l’inter-organisation Écoles d’art et design en lutte.

Lors du rendez-vous avec le Cabinet et les services du Ministère de la culture, l’inter- organisation portera au nom des écoles d’art et design et des artistes-auteur·ic·es un ensemble de revendications et de propositions faisant suite aux précédents échanges avec le ministère, et au regard desquelles sont attenduesdes positions claires de ce dernier :

CONDITIONS DE VIE ÉTUDIANTE

• Exonération des droits d’inscription pour les étudiant·es boursier·es de l’ensemble des écoles supérieures d’art et design publiques, avec compensation de ces exonérations par l’État.

STATUTS

• Création d’un statut unique pour les professeur·es des écoles d’art et design nationales et territoriales (PEN/PEA, avec alignement sur les conditions actuelles des PEN).
• Évolution du statut d’Assistant·e d’enseignement (AEA) vers la catégorie A de la fonction publique territoriale.
• Augmentation de la représentation des étudiant·es et et personnels dans les Conseils d’administration des EPCC afin qu’elle devienne majoritaire.

RELATION ÉTAT – COLLECTIVITÉS TERRITORIALES / BUDGET

• Secours financier et politique de l’État en vue de la préservation de l’ESAD Valenciennes, du cycle d’études supérieures de l’EMA du Grand Chalon, du master Design graphique de l’ENSBA Lyon, de l’option art de l’ÉESI–site d’Angoulême, et de l’année 1 d’études (dans sa configuration précédente) à la HEAR Strasbourg-Mulhouse.
• Dispositif d’augmentation de la dotation d’État aux collectivités territoriales disposant d’EPCC écoles d’art, afin de compenser les hausses du point d’indice des agents de la fonction publique • Hausse du budget des écoles supérieures d’art et design territoriales d’a minima 20 millions d’euros à l’occasion du Projet de loi de Finances 2025.
• Mise en place de conventions pluriannuelles de financement (5 ans) entre État et collectivités fondatrices des EPCC écoles d’art, en définissant leurs engagements financiers actuels comme des planchers visant à être relevés.

PROFESSIONNALISATION

• Le soutien à la proposition de loi n°2322 portant sur « L’instauration d’un revenu de remplacement pour les artistes-auteurs temporairement privés de ressources », qui propose de faire entrer les artistes-auteur·ic·es dans la caisse commune de l’assurance chômage. • La dispense pour les artistes-auteur·ic·es bénéfiaires du RSA des 15 heures d’activités obligatoires et des procédures de contrôle.
• Le maintien de l’ASS, unique allocation à ce jour versée par France Travail à laquelle ont droit les artistes-auteur·ic·es, qui est plus protectrice que le RSA.
• Création d’un cadre de négociation syndicale préalable à tout travail sur l’alternance et la réforme des cursus DNA/DNSEP.

CGT-Séla, La Buse, Le Massicot, Les Mots de trop, Snap-CGT, Snéad-CGT, Staa CNT-SO, SUD Collectivités Territoriales

[Communiqué FERC Sup-CGT] Soutien au SG de l’UD du Nord

La CGT FERC Sup dénonce avec force la condamnation du secrétaire général de l’UD CGT du Nord à un an de prison avec sursis et 5000 euros d’amende pour « apologie du terrorisme » pour un simple tract.

L’UD CGT du Nord a fait appel de cette condamnation.

Le contexte est particulièrement lourd :

  • criminalisation de l’action syndicale (voir les innombrables poursuites de camarades suite à la mobilisation pour nos retraites…),
  • remise en cause des libertés académiques (interdictions de conférences sur la Palestine, universitaires et chercheur·ses traduits devant des commissions d’enquêtes ou disciplinaires, expulsion des étudiant·es de Sciences-Po…),
  • remise en cause des libertés syndicales (interdiction de manifester pendant des mois sur la Palestine, interdiction de rassemblement le 25 avril devant la Sorbonne pour la venue du Président Macron, liste de diffusion syndicale coupée à l’Université de Savoie-Mont Blanc…),
  • remise en cause des libertés politiques, démocratiques et d’expression (dernière en date, après des interdictions de rassemblements politiques pendant la campagne pour les élections européennes, la présidente d’un groupe parlementaire d’opposition est convoquée par la police pour « apologie du terrorisme »)

L’usage politique qui est fait de l’« apologie du terrorisme », pour faire taire toute contestation, notamment sur la question palestinienne est totalement inacceptable.

Cette politique est une remise en cause frontale, brutale des libertés et de la démocratie.

La CGT FERC Sup apporte tout son soutien au secrétaire général de l’UD CGT du Nord.

Pour compléter :

À lire la tribune d’un large collectif de personnalités, syndicats et d’associations (dont Sophie Binet et la CGT) qui dénonce « une limitation inacceptable du pluralisme démocratique ». Contre une démocratie bâillonnée, défendons les libertés publiques

À lire l’appel du congrès du syndicat CGT FERC Sup de l’université de Lille du 18 avril 2024 : (extrait)
« Le congrès de la CGT université de Lille condamne les atteintes, en France, aux libertés d’expression, syndicales et académiques, en particulier :
• la condamnation ce 18 avril 2024 du secrétaire général de la CGT UD du Nord à un an de prison avec sursis et 5000 euros d’amende pour un simple tract ;
• les multiples interdictions d’une conférence sur la Palestine, d’abord à l’université de Lille puis dans une salle privée de Lille. Dans ce cadre, nous soutenons le rassemblement ce 18 avril 2024 à 18h30 pour dénoncer les atteintes à la liberté d’expression. »

À lire également le communiqué confédéral CGT publié le 18 avril 2024 : Tous et toutes solidaires de la CGT Nord et de Jean-Paul Delescaut, son Secrétaire général

[Communiqué] *Écoles d’art et design en lutte* : appel à mobilisation le 13 mai !

L’inter-orga Écoles d’art et design en lutte et les organisations portant le projet de loi d’une continuité de revenus des artistes auteur·ices lancent un appel à mobilisation contre la précarisation de l’enseignement supérieur artistique et du champ professionnel de la culture le 13 mai prochain.

Cet appel est fait à tous·tes les travailleur·euses de l’art : le 13 mai, journée de mobilisation nationale pour défendre les écoles d’art et design publiques et pour un passage à l’Assemblée nationale du projet de loi visant à l’instauration d’une continuité des revenus pour les artistes auteur·ices.

C’est le moment de mettre la pression sur nos élu·es et le gouvernement !

Préavis de grève nationale et reconductible

• • • Snéad-CGT • • • Communiqué • • • 07 avril 2024 • • •

Snéad-CGT, ainsi que SUD Collectivités territoriales, ont déposé auprès des Ministères de la Culture, de l’Intérieur et de la Transformation et de la Fonction Publiques, un préavis de grève nationale et reconductible pour la période du 9 avril au 31 mai 2024. Par cette action, nous souhaitons permettre aux personnels des écoles qui le souhaiteraient de pouvoir faire valoir leur droit à suspendre leur travail mais aussi, plus largement, mobiliser nos établissements en vue d’actions concertées. L’objectif premier étant de renouveler notre volonté de voir s’ouvrir de véritables négociations et de garantir les conditions du dialogue social.

Étant donnés :
– La précipitation de la Ministre de la Culture à annoncer des fermetures d’écoles d’art et design et/ou de filières,
– La précipitation de son ministère à vouloir réformer les DNA et DNSEP et à vouloir installer l’alternance/l’apprentissage sans concertation véritable,
– L’inaction conjointe des ministères face aux problèmes financiers de nos écoles, au statut des enseignant·es et à la revalorisation des personnels et le statut des EPCC,
– Le désengagement financier et structurel continu de l’État, 
– L’absence de réponse du ministère en charge des Collectivités territoriales concernant les concours et  procédures de titularisation.

Nous revendiquons :
– Un engagement ferme à préserver l’ensemble des écoles d’art et design, et leurs formations,
– De véritables actions et engagements concernant le statut des enseignant·es, celui des établissements, leur gouvernance et leurs moyens financiers,
– Une réelle prise en charge par l’État des étudiant·es boursiers et boursières,
– Un taux fixe de droits d’inscription accessible et égalitaire dans toutes les écoles d’art et design,
– Un calendrier raisonnable pour permettre discussion, débat et réflexion sur les sujets le méritant.

Durant toute la période de ce préavis de grève, nous appelons les personnels à s’organiser localement pour la défense de leurs écoles. En l’absence d’avancées significatives et rapides, nous appellerons à une large journée de mobilisation nationale dans les semaines à venir.

Solidairement,
Le Bureau national du Snéad-CGT

[Communiqué] *Écoles d’art et design en lutte* en réponse au CP de la Ministre de la culture du 23 mars 2024

Madame la ministre,

L’ambiguïté de vos déclarations concernant la fermeture d’écoles d’art et de design territoriales lors de votre audition à l’assemblée nationale le 19 Mars et votre retournement de position dans votre communiqué du 23 Mars ne peuvent que susciter notre vigilance quant à vos intentions.

Nous tenons à vous rappeler ici que nous nous opposons à toute fermeture précipitée d’école (Valenciennes et Chalon y compris). Le service public de l’enseignement supérieur artistique auquel vous faites référence dans votre communiqué de presse existe déjà, et vous avez à charge de l’accompagner et d’en prendre soin, afin que la jeunesse puisse bénéficier d’un enseignement artistique public de qualité, quelles que soient les conditions sociales et le lieu de naissance des étudiant‧es. Le réseau des 34 écoles territoriales d’art et de design est un atout majeur dans vos projections d’équité sociale, de non isolement de la jeunesse et des territoires trop souvent qualifiés de « périphériques ».

Nous refuserons par ailleurs une mise en place de l’alternance dans les écoles d’art et de design publiques car cette proposition se base sur une méconnaissance de nos formations. Nous vous invitons à vous intéresser au contenu de nos cursus, à nos programmes de recherche, à nos post-diplômes, à nos évènements et à notre ouverture sur les territoires que nous habitons. La facilitation d’accès à nos écoles doit se faire par la limitation des droits d’inscription et par une politique de soutien à la fois plus affirmée et plus égalitaire aux étudiant‧es boursie‧res. Une véritable professionnalisation, quant à elle, passera avant tout par l’amélioration du statut et la mise en place d’une protection sociale complète pour les artistes-auteur‧ices.


Par de nombreuses actions, réunions de travail, occupations de sites et manifestations accompagnées par l’inter-orga Écoles d’art et design en lutte (syndicats et collectifs des étudiant‧es, syndicats des personnels des écoles d’art et de design, syndicats et collectifs des travailleur‧euses de l’art), le corps social de nos écoles s’est mis en marche l’année dernière. Grâce à celui-ci, une proposition budgétaire a été votée au Sénat et à l’Assemblée nationale au travers d’un amendement au PLF 2024. Voilà une solution qu’il serait bon de valider en l’intégrant au Budget général de la Mission ministérielle Culture du Projet de loi de finances 2025. Cela permettrait de conserver et d’améliorer la situation de nos écoles d’art et de design. Nous avons beaucoup d’autres propositions dont nous sommes prêt‧es à discuter avec vous-mêmes et vos services lors de notre prochaine entrevue au ministère.

Pour construire avec des représentant‧es élu‧es et de terrain un avenir pour l’enseignement supérieur public de l’art et du design et pour les nouvelles générations d’artistes et de designers nécessaires au rayonnement culturel et économique français, ce printemps, nous serons au rendez-vous.

L’inter-organisations Écoles d’art et design en lutte

Le 25 mars 2024

[Communiqué] *Écoles d’art et design en lutte* « On ne ferme pas / on ferme » : Où est la « stratégie ambitieuse et cohérente » du ministère ?

Le 28 mars 2023, Rima Abdul Malak, alors ministre de la culture, répondait à une mobilisation sans précédent des étudiant·es et personnels des écoles supérieures d’art et design par une aide financière d’un montant jugé unanimement dérisoire, et par la commande d’un énième rapport, en mettant par là-même un terme à des discussions entrouvertes 15 jours plus tôt avec l’inter-organisations « Écoles d’art et design en lutte ».

Un an plus tard, presque jour pour jour, Rachida Dati, lui ayant succédé, fait encore mieux. Il n’aura pas fallu plus d’une journée à la ministre pour démontrer sa duplicité, en faisant recevoir l’inter-organisations par son cabinet le 18 mars, au cours d’une réunion de travail se donnant des airs de dialogue social, puis en annonçant dès le lendemain au cours d’une audition à l’Assemblée nationale être prête à fermer des écoles d’art.

Le ministère de la Culture est l’un de ceux où le plus grand nombre de ministres se sont succédé·es au cours des dernières années. En ce qui concerne les écoles supérieures d’art et design, la ligne reste pourtant constante : désengagement et irresponsabilité, ignorance et incompétence.

Retour sur les faits… 

Écoles d’art et design en lutte au ministère de la Culture…

Après avoir interpellé la nouvelle ministre sur la place des écoles supérieures d’art et design dans sa politique culturelle, l’inter-organisations « Écoles d’art et design en lutte » était reçue au ministère de la Culture ce lundi 18 mars. Étaient à l’ordre du jour les bourses et droits d’inscription des étudiant·es, les statuts des personnels, les dotations budgétaires des établissements et leur mode de gouvernance, ainsi que la professionnalisation, sur fond de réforme en cours du cursus DNA/DNSEP (Licence/Master) et de volonté ministérielle d’introduire l’alternance dans les écoles. 

Partageant ses analyses, attentes et propositions sur ces différents sujets, la délégation représentant l’inter-organisations a tenu à rappeler le sabordage par le ministère, un an auparavant, d’un échange à peine instauré, et a réaffirmé sa légitimité à être associé·es aux travaux en cours. Le ministère a en effet pris l’habitude de fuir le dialogue avec les organisations représentatives des étudiant·es et personnels des écoles d’art et design pour discuter exclusivement avec l’Andéa (association nationale des écoles d’art et design). La légitimité de cette association, où la représentation des écoles n’a rien de démocratique, n’est qu’auto-décrétée, et si l’on connait les prises de positions publiques de l’Andea en défense des écoles d’art et design, l’association joue pourtant depuis sa création un rôle moteur dans l’accompagnement des politiques ministérielles.

De son côté, le Cabinet et les services du ministère* ont assuré à la délégation que la ministre faisait de l’enseignement supérieur artistique l’une de ses priorités, en axant sa réflexion autour de trois enjeux : l’équité des territoires, l’accès à toutes et tous aux parcours artistiques et aux métiers de la culture, ainsi que l’excellence des formations. Des enjeux dans lesquels l’inter-organisations peut tout à fait se reconnaitre.

La rencontre s’est achevée en convenant d’une nouvelle date de rendez-vous fin mai, précédé d’un partage de propositions, en vue d’un échange plus approfondi autour de cinq axes de travail : condition étudiante / budget / statut des personnels / relation ministère-collectivités / professionnalisation.

Représentés par Emma Buttin, conseillère spectacle vivant, arts visuels, design, mode et métiers d’art au cabinet de la ministre ; Florence Botello, chargée de la démocratie culturelle et de l’égalité des chances au cabinet de la ministre ; Laurent Caillot, conseiller social attaché au cabinet de la ministre ; Noël Corbin, délégué général à la transmission, aux territoires et à la démocratie culturelle ; Denis Declerck, sous-directeur des enseignements spécialisé et supérieur et de la recherche (DGCA).

Dans  le détail :

Sur la fermeture de l’ESAD Valenciennes et la non-accréditation de l’EMA de Chalon : la délégation a rappelé que le ministère pouvait encore se positionner en soutien à ces écoles. Vis-à-vis de l’EMA Chalon, la DGCA a précisé avoir fait des propositions d’alternatives au président du Grand Chalon, sans réponse à ce jour. Celles-ci entérineraient quoiqu’il en soit la disparition du DNA de l’école, alors que nous revendiquons sa sauvegarde.

Sur la question de l’exonération des droits de scolarité des étudiant·es boursier·es et de la hausse des frais d’inscription : le ministère a convenu que sa vision était imprécise et a invité Le Massicot à constituer un groupe de travail sur le chiffrage des remboursements de droits de scolarité. Si le syndicat étudiant est disposé à partager ses calculs et propositions concrètes sur le sujet, on peut néanmoins se demander si c’est à lui de faire le travail du ministère. Nous l’avons au moins enjoint, ce lundi, à clarifier ses circulaires en regard du Code de l’Éducation.

Sur la reconduction de l’aide d’urgence de 2 millions accordée en 2023 : le cabinet a assuré son « soclage » pour l’année 2024, loin des 16 millions soutenus par les député·es et sénateur·rices mais balayés par la ministre précédente lors de la PLF 2024, loin des 20 millions d’urgence demandés tant par l’inter-organisations que par la délégation des président·es d’EPCC, et très loin des 60 millions que nous avons estimés nécessaires pour répondre à l’ensemble des besoins des écoles — évolution statutaire des enseignant·es y compris. Tout en faisant part de l’ambition d’augmenter ce montant au-delà de 2 millions dans le budget 2025, le cabinet de Mme Dati a aussi indiqué que la préservation de cette somme pouvait déjà s’avérer un enjeu difficile dans le contexte des coupes budgétaires récemment subies par le ministère.

Sur la professionnalisation, l’alternance et l’apprentissage : La délégation a expliqué que les problèmes d’insertion professionnelle des diplomé·es ne tiennent pas tant aux formations dispensées dans nos écoles qu’à la réalité de nos métiers, leur précarité et l’état des structures culturelles en France. Nous avons en ce sens rappelé le dépôt récent d’une proposition de loi sur la continuité de revenus des artistes-auteur·ices, et notre très fort doute quant à la mise en place de l’alternance dans nos établissements, à laquelle la ministre semble particulièrement attachée. 

… et Rachida Dati à l’Assemblée nationale

Alors que l’impression générale à l’issue du rendez-vous du 18 mars était celle d’une écoute réelle, c’est une tout autre partition qu’aura jouée Rachida Dati dès le lendemain lors d’une audition par la commission Culture de l’Assemblée nationale. Face aux député·es, fustigeant une « jungle des écoles » (en fait un maillage riche et divers), la ministre a affirmé vouloir fermer certaines d’entre elles, parmi les écoles territoriales, tout en reconnaissant que la décision ne lui incombait pas directement. Elle a fait état de la préparation d’une stratégie ministérielle visant la remise à plat de la cartographie des établissements, la recherche de performances, la réduction des dépenses et une professionnalisation réduite à l’apologie de l’apprentissage en alternance.

Une politique funeste

La méthode du ministère est de plus en plus évidente : en assumant publiquement son désengagement, le ministère tend une perche aux collectivités locales les moins fortunées et/ou les moins concernées par leurs écoles d’art et design, afin que celles-ci puissent les abandonner en ne sachant que trop bien que le ministère de la Culture n’y opposera aucune résistance, et précipitera au contraire le cours des choses en dévoyant les procédures d’accréditation des formations.

C’est un choix éminemment politique : celui de favoriser l’enseignement artistique privé en appliquant ses recettes de mal nommée « professionnalisation » (en alternance) au maillage des écoles supérieures d’art et design publiques.

Les écoles — nationales y compris — qui survivront à cette épreuve seront loin d’être confortées en contrepartie. Au contraire, elles continueront à faire face à une concurrence accrue des écoles privées et au fait que l’État ne semble envisager d’améliorer son soutien ni à la création (statut des artistes-auteur·ices, dotations des équipements culturels, etc.), ni aux conditions de vie des étudiant·es.

Que faire ?

L’inter-organisation Écoles d’art et design en lutte est disposée, comme l’a toujours fait l’ensemble de ses organisations, à faire part de son expertise de terrain à tous les niveaux du secteur culturel, afin d’aider le ministère de la culture à mettre en œuvre une politique réellement pertinente, ambitieuse, et efficace pour les écoles d’art et design. Mais pourquoi discuter si le ministère a déjà un programme vertical bien établi pour enterrer les écoles et les faire marcher au pas ? Les déclarations de Mme Dati appellent des clarifications avant toutes choses, car le dialogue social ne servira pas de caution à des choix stratégiques inacceptables.

Tant que ce dialogue ne sera pas suivi d’effets tangibles, c’est à une nouvelle mobilisation des étudiant·es et personnels que le ministère devra se confronter.

[Communiqué] *Écoles d’art et design en lutte* reçue au ministère de la Culture : nos attentes et revendications !

• • • 11 mars 2024 • • •

Suite à notre interpellation de Rachida Dati au sujet de la place des écoles supérieures d’art et design publiques dans la politique culturelle de l’État (tribune dans Libération le 20 février 2024), l’inter-organisations *Écoles d’art et design en lutte* sera reçue au ministère de la Culture le 18 mars. L’entrevue avec Emma Buttin, Conseillère « spectacle vivant, arts visuels, design, mode et métiers d’art » au sein du Cabinet de la Ministre, intervient un an après une ample mobilisation des étudiant·es et personnels des écoles d’art et design pour la défense de nos conditions d’étude et de travail, et plus largement pour l’avenir de nos écoles.

Depuis un an, alors que l’inter-organisations a poursuivi un travail de terrain constant auprès des écoles, d’élus locaux et de parlementaires, le ministère de la Culture a quant à lui rompu le dialogue qui s’était très brièvement entrouvert en mars 2023, et s’est prononcé contre le renforcement d’une dotation budgétaire des écoles d’art territoriales dans le cadre de la Programmation de Loi de Finances 2024. Dans ce contexte, la reprise d’un dialogue entre l’inter-organisations et le ministère de la Culture est un enjeu important, mais une telle rencontre n’aura d’intérêt que si elle est suivie d’effets. Nous attendons ainsi du rendez-vous du 18 mars la clarification des positions du ministère de la Culture concernant les écoles d’art et design, et nous porterons les revendications et propositions qui nous ont soudé depuis plus d’un an.

Nos attentes de clarification
– Quelles sont les intentions de l’État concernant l’indispensable renforcement de la dotation budgétaire des écoles supérieures d’art et design publiques, en particulier pour les écoles territoriales ?
– Quelles sont les intentions de l’État concernant la préservation de la carte des écoles supérieures d’art et design publiques ? En particulier : l’État est-il prêt à reconsidérer la situation de l’ESAD Valenciennes ? Compte-il soutenir l’EMA du Grand Chalon en vue de la préservation de son cycle d’études supérieures ?
– Quelle place et quel rôle le ministère de la Culture compte-t-il donner aux écoles supérieures d’art et design publiques, et en particulier au riche maillage des écoles territoriales, dans Le Printemps des ruralités, et plus largement dans la politique culturelle de Mme Dati ?
– Quelles suites le ministère de la Culture veut-il donner au rapport Oudart et comment nos organisations seront associées à ces travaux ?
– Suite à ce rapport, quelle est la position de l’État concernant la réévaluation des modes de gouvernance et d’organisation des EPCC ?
– Quelle est aujourd’hui la position de l’État concernant la revalorisation des statuts des personnels des écoles d’art territoriales en général, et des enseignant·es en particulier ?
– Quelle est la position du ministère de la Culture concernant les réflexions menées par ses propres services et par l’Andéa au sujet de l’apprentissage par alternance en écoles d’art et design ?

Nos revendications et propositions
Parmi les « 29 propositions pour un avenir radieux des écoles supérieures d’art et design » élaborées et portées par notre inter-organisations, plusieurs nous apparaissent prioritaires et devant faire l’objet d’un dialogue étroit entre l’État, les collectivités et nos organisations, avec la mise en place d’un calendrier de travail précis :
– Exonération de toustes les boursier·es des frais d’inscription dans l’ensemble des écoles d’art et design
– Accès égalitaire aux services sportifs, culturels, médicaux et de restauration du Crous pour l’ensemble des étudiant·es
– Augmentation significative de la dotation de fonctionnement annuelle de l’État
– Création d’un statut unique pour l’ensemble du personnel pédagogique des écoles supérieures d’art et design
– Introduction d’une représentation majoritaire des personnels et des étudiant·es aux conseils d’administration des établissements publics d’enseignement supérieur, et redéfinition du fonctionnement de ces instances.
– Engagement pluriannuel obligatoire des tutelles publiques, en tenant compte de l’évolution prévisible des coûts de fonctionnement des établissements.
– Création d’un salaire artistique libéré du cadre de l’emploi, en établissant une qualification du travail artistique afin de pérenniser le statut d’Artiste Auteur et de garantir la possibilité à toustes d’exercer un métier en tant qu’indépendant·e.

À ces propositions s’ajoute notre demande de revoir le calendrier de la réforme amorcée de « l’arrêté des études » définissant les cursus DNA et DNSEP, afin de mettre en oeuvre une réelle concertation à ce sujet. Le calendrier et la méthode actuels ne sont pas à la hauteur des enjeux.

Ces attentes, revendications et propositions fondées sur notre expertise de l’enseignement supérieur artistique et du milieu professionnel avec lequel il est en lien étroit, supposent une reconnaissance de la part du ministère de la Culture de la légitimité de nos organisations et de la nécessité d’un travail commun, que nous ne cessons d’appeler de nos voeux.

Le ministère ne peut continuer à ignorer des organisations qui, outre leur légitimité acquise auprès de la communauté des écoles d’art et design, sont pour nombre d’entre elles représentatives au sein des instances de fonctionnement des écoles (CST) et au sein des instances de dialogue avec le ministère lui-même (CNESERAC). Déléguer ou abandonner la réflexion et la prise de décision sur l’enseignement supérieur artistique à la seule Association nationale des écoles d’art et design (Andéa) n’est pas recevable. Jusqu’ici, cette méthode a été le terreau du désinvestissement de l’État et n’a pu freiner – voire a provoqué – une dégradation continue de nos conditions d’études et de travail.

Sans réelle collaboration de la part du ministère et la mise en place de rendez-vous de travail constructifs, nous appellerons à une nouvelle mobilisation inter-écoles.

Nous vous donnons rendez-vous le mardi 19 mars à 19h pour un compte-rendu de la réunion avec le cabinet de la ministre et afin d’y donner suite collectivement.

Lien de connexion pour l’AG numérique : https://us02web.zoom.us/j/88238500915

[Tribune] Madame Dati, à quand une vraie politique culturelle pour les écoles d’art et de design territoriales ?

Tribune de l’inter-organisations « Ecoles d’art et design en lutte » parue ce mardi 20 février dans le journal Libération.

Depuis sa nomination, Mme. Rachida Dati manifeste publiquement un grand intérêt à l’égard des territoires. Lors de ses vœux, durant un déplacement en Dordogne, ou par communiqué de presse, Mme. Dati a évoqué l’importance de l’accès à la culture pour des populations qui peuvent en être socialement ou géographiquement éloignées, soulignant la nécessité de valoriser les politiques culturelles et l’éducation artistique à destination des territoires.

La France dispose d’un remarquable réseau d’enseignement supérieur artistique public, avec 45 écoles supérieures d’art et design : 11 dites «nationales» et 34 dites «territoriales», délivrant les mêmes diplômes. Sous cette distinction d’appellation qui tient à l’histoire respective de ces écoles, se cache une double organisation de l’enseignement supérieur artistique public, avec des conséquences fortes sur la gouvernance des établissements et sur les inégalités de financements et de traitement qui en résultent.

Les écoles supérieures d’art et de design dites «nationales» sont financées par le ministère de la Culture, favorisant des relations et des missions en lien direct avec ce ministère. Les écoles «territoriales» sont quant à elles supportées financièrement par plusieurs acteurs publics : des collectivités locales, principales contributrices, et le ministère de la Culture. De par cette spécificité, chaque territoire et ses habitants sont les dépositaires de leur établissement et le ministère de la Culture est garant de la qualité de leur enseignement, du déploiement de la recherche sur les territoires ainsi que de la préservation et du développement du réseau existant.

En effet, ces 34 écoles supérieures d’art et de design territoriales permettent l’accès à des études supérieures publiques de qualité à des étudiants venant de milieux sociaux variés, dont une grande partie ne pourrait financer leurs études s’ils devaient changer de territoire. Ces établissements garantissent aussi des emplois à de nombreux travailleurs et travailleuses de l’art dans un secteur dont la précarité économique est aujourd’hui largement reconnue.

Deux écoles sont menacées de fermeture

Pourtant, les écoles supérieures d’art et de design territoriales sont aujourd’hui au bord du gouffre, abandonnées depuis un certain nombre d’années par un ministère de la Culture se cachant derrière une politique de décentralisation, une logique de rentabilité de la culture et une forte inclination à brader au privé le secteur culturel public. Le ministère semble se satisfaire du pourrissement de cette situation, et à l’heure actuelle, au moins deux écoles sont menacées de fermeture (Esad Valenciennes) ou de suppression des cursus d’enseignement supérieur (EMA Chalon-sur-Saône, ville où a grandi Rachida Dati), lorsque de nombreuses autres sont confrontées à des difficultés budgétaires alarmantes.

Contre toute attente, le mandat de Rachida Dati serait-il l’occasion d’enfin changer la donne ? Il est certain en tout cas que celui de sa prédécesseure aura été une occasion manquée. La mobilisation historique portée en 2023 par l’inter-organisations «Ecoles d’art et design en lutte» avait pourtant permis de consolider des constats déjà anciens et d’établir des propositions concrètes : dotations budgétaires compensatoires ; réfection des bâtiments ; révision du statut des établissements ; revalorisation des statuts des personnels ; traitement égalitaire des étudiants (en particulier les boursiers). L’octroi d’une enveloppe de 2 millions d’euros à partager entre les 34 écoles d’arts et de design territoriales a unanimement été décrié comme anecdotique voire insultant au regard des besoins.

En parallèle, Rima Adbul-Malak s’est explicitement opposée le 11 novembre 2023 à un amendement adopté de façon transpartisane, à l’Assemblée nationale puis au Sénat, visant à augmenter la dotation des écoles territoriales de 16 millions d’euros. La ministre et ses conseillers se sont contentés d’accompagner, voire de précipiter une «sélection naturelle» des écoles territoriales, profitable avant tout à un secteur d’enseignement privé en pleine expansion.

Des écoles qui contribuent activement à la vie des territoires

Rachida Dati sera-t-elle la ministre de la Culture qui, ayant tous les éléments en main pour assurer un avenir serein à l’ensemble des écoles d’art et design, engagera une politique ambitieuse à leur égard ? Ou agira-t-elle, comme ses prédécesseurs, en contradiction avec ses ambitions affichées ? Une ministre avisée devrait mesurer toute la valeur et l’importance des écoles d’art et design territoriales qui, précisément, jalonnent les territoires et travaillent déjà étroitement avec ceux-ci : cours publics à destination de la jeunesse ou des adultes amateurs, programmes de recherche liés aux spécificités et à l’histoire des territoires et de leurs habitants, expositions, concerts, partenariats qui enrichissent leur vie artistique et culturelle et les ouvrent à l’international.

Pour l’heure, néanmoins, c’est une école et une seule, l’Ecole nationale supérieure des arts décoratifs (Ensad, Paris), qui est mise en lumière, au travers de nouveaux crédits financiers accordés à des formations mises en place hors les murs en milieu rural, à destination d’une trentaine d’étudiants seulement – contre des milliers dans les écoles territoriales.

Mme. Dati semble s’appuyer sur cette expérience pour imaginer le développement d’une politique d’enseignement supérieur sur les territoires, coordonnée depuis Paris. Le centralisme de ce pilotage inquiète : que penser de ce programme s’il conduitin fine à invisibiliser, voire à vassaliser les écoles qui contribuent activement à la vie des territoires ? Et comment interpréter ce signe funeste et surplombant envoyé aux artistes, chercheurs et étudiants qui œuvrent depuis des années dans ces territoires.

Gageons qu’une rencontre avec les principaux acteurs de terrains et les syndicats sera mise en place pour préparer et développer des politiques ambitieuses pour les écoles supérieures d’art et de design territoriales dans le cadre des «Printemps de la ruralité».

Signataires : Le collectif des écoles d’art et design en lutte : Morgane Autin ; Louis Layrac-Marbezy, CN-Séla ; Guilhem Monceau, Emilie Moutsis, Caroline Sebilleau, La Buse ; Vio Chevalier, Alix Juif, Le Massicot ; Estelle Baierl, Clara Deprez, Sophie Vela, Les Mots de trop ; Jimmy Cintero, Isabelle Jégo, Irène Ruszniewski, Clément Valette, SNAP-CGT ; Jérôme Dupeyrat, Florian Gaité, Sandrine Jousseaume, Kirsten Murphy, Snéad-CGT ; Esther Laudet, Jordan Nicolas Solidaires étudiant·es ; Emmanuel Simon, STAA CNT-SO ; Michel Gary, SUD Collectivités territoriales.

CN-Séla, Economie solidaire de l’art, La Buse, Le Massicot, Les Mots de trop, SNAP-CGT, Snéad-CGT, STAA CNT-SO, SUD Collectivités territoriales.

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[Pétition] « Appel à Rachida Dati. Sauvons l’école des beaux-arts de Chalon! »

Pétition en ligne sur change.org

Madame la Ministre de la Culture,

Depuis votre prise de fonction,  vous avez déclaré vouloir “rendre la culture encore plus présente dans toutes les villes et les régions, dans tous les territoires” et “bâtir une nouvelle culture populaire pour tous, des quartiers à la ruralité”, en insistant sur la place de l’éducation artistique et culturelle.

Dans ce contexte, nous vous interpellons pour sauvegarder l’École Média Art du Grand Chalon, agglomération où vous avez grandi, alors que celle-ci est mise en grand danger par les décisions récentes de votre ministère.

Par l’intermédiaire d’un simple email, vos services annonçaient en effet, fin novembre 2023, la non-accréditation de notre Diplôme National d’Art (DNA, grade Licence) et le retrait de l’École Média Art de la plateforme Parcoursup dès janvier 2024.

Cette décision ne respecte pas le processus légal d’accréditation censé s’achever en avril 2024. Il reprend le même mode opératoire que vient de connaître l’École Supérieure d’Art et Design de Valenciennes et qui expose cette dernière à une prévision de fermeture.

Pour tenter de justifier cette décision résolument arbitraire, le Ministère de la Culture s’appuie sur le rapport fourni par le comité d’expert·es (HCERES) en charge d’évaluer l’école en 2022. Si le contenu de ce rapport relevait les fragilités d’une école qui a subi une mauvaise gestion les années précédant l’évaluation, il ne remettait nullement en cause la qualité des enseignements et ne manquait pas de souligner les progrès accomplis par la nouvelle direction en saluant les axes de développement mis en œuvre. Il appelait donc logiquement à leur poursuite et formulait divers conseils pour l’avenir de l’école.

L’agglomération de Chalon-sur-Saône est celle où vous avez grandi, celle dont vous avez fréquenté la Maison de la Culture, qui a elle aussi connu une fin malheureuse. Comme vous le savez, c’est également un territoire mondialement connu car il a vu naître la photographie, au cœur d’une vallée de la Saône portée par des innovations historiques en termes d’image fixe et animée.

Aujourd’hui, ce même territoire voit son école d’art, fondée au XIXe siècle, directement menacée, une école où l’héritage historique est mis en actes par l’ensemble des étudiant·es et une équipe investie auprès d’elles et eux, une école pleinement inscrite dans le tissu de l’enseignement supérieur artistique public.

S’il faut expliquer l’importance de préserver ce tissu, que l’on veuille bien simplement considérer par quels établissements sont passés les artistes lauréat·es de la dernière Palme d’Or au Festival de Cannes (et désormais nominée aux Oscars) ou du prochain Pavillon français à la Biennale de Venise, la grande majorité des artistes français·es présent·es dans les collections publiques d’art contemporain, et bien sûr une grande partie des personnes oeuvrant dans le domaine de la création et le secteur culturel : oui, il s’agit bien d’écoles nationales et territoriales publiques.

C’est bien en soutenant pleinement les acteurs institutionnels du maillage culturel territorial (écoles d’art, centres d’art, FRAC, …) qui oeuvrent au quotidien pour tous les publics de l’art et de la culture, que la politique publique que vous appelez de vos voeux pourra être menée.

Madame la Ministre, dans vos différentes interventions depuis votre prise de fonction, vous insistez à juste titre sur l’importance du service public pour soutenir une « culture populaire pour tous ». À ce titre, il faut savoir qu’à Chalon, l’École Média Art a fait le choix de frais d’inscription raisonnables et d’un accès facilité au matériel et aux fournitures, afin de garantir l’égalité des chances des étudiants et étudiantes. C’est aussi une école où enseignement supérieur et pratiques amateurs fonctionnent en synergie.

Que signifie alors de détruire consciemment un tel modèle, qui plus est dans le cas d’une école dont le bilan financier est sain ?
Que signifie d’imposer aux étudiants et étudiantes qui viennent d’arriver dans l’école, après l’avoir choisie, d’achever leur cursus dans un établissement qui serait laissé à l’agonie pour les deux années à venir ?

Madame la Ministre, alors que vous entamez votre mission au Ministère de la Culture, allez-vous laisser s’effondrer le maillage territorial qui fait la richesse de l’enseignement supérieur artistique public en France, en laissant une prétendue “sélection naturelle” — évoquée par vos propres services — déterminer quelles écoles devraient survivre ? Après Valenciennes et Chalon-sur-Saône, quelle sera la prochaine école abandonnée ?

Madame la Ministre, notre situation ne relève pas d’une “fatalité” : il ne s’agit que de choix politiques. Tout est donc en vos moyens pour garantir l’avenir de l’École Média Art, en commençant par la reprise d’un processus d’accréditation saboté. 

Nous tous et toutes, étudiant·es, enseignant·es, artistes, parents, partenaires de l’EMA, publics de l’art, signataires de ce courrier, en appelons à votre responsabilité.

Collectif École Média Art du Grand Chalon en danger

Pétition en ligne sur change.org

[Communiqué CGT FERC Sup] Censure partielle du projet de loi immigration par le Conseil constitutionnel : une République abîmée !

Ce jeudi 25 janvier 2024, le Conseil constitutionnel a censuré 32 articles sur les 86 de la « loi immigration ». La CGT de l’ESR ne peut que se féliciter que ces articles introduisant la préférence nationale dans la loi française aient finalement été censurés. Elle se félicite également que les mesures les plus scandaleuses touchant l’Enseignement Supérieur et la Recherche (ESR), comme la caution étudiante, l’obligation pour l’étudiant étranger de justifier du « caractère réel et sérieux » de ses études, ou encore l’impossibilité pour les universités d’exempter quelques étudiants étrangers de droits d’inscription différenciés (l’introduction de ces droits différenciés dix fois plus élevés pour les étudiants non-européens est un sinistre héritage de la Macronie) comptent parmi les articles censurés.

Mais 54 articles ne sont pas censurés, et cette loi, qui ressemble à la loi pourtant rejetée par l’Assemblée Nationale le 11 décembre dernier, reste inacceptable et doit être abrogée, comme les nombreuses lois précédentes qui pourrissent toujours plus le quotidien de nos collègues étrangers qui travaillent en France et exercent très souvent les métiers les plus ingrats et les plus difficiles. Et dans l’ESR, de très nombreux enseignant·es, chercheur·ses, ingénieur·es, doctorant·es ne sont pas français, comme de très nombreux français·es travaillent à l’étranger. Entraver ces circulations relève d’une forme d’obscurantisme dangereux.

La décision du Conseil constitutionnel censure plusieurs articles considérés comme des « cavaliers législatifs », c’est à dire des articles hors sujets. Il est frappant de constater que, s’agissant de la loi retraite de 2023, ce même Conseil Constitutionnel n’a pas considéré les articles repoussant l’âge de la retraite de 62 à 64 ans ou augmentant le nombre d’annuités comme hors sujet d’une loi de finance (ce qu’est la loi retraite de 2023) !

Les 45 jours qui séparent le 11 décembre du 25 janvier auront abîmé la République, confirmé l’absence de charpente républicaine et morale de la Macronie ainsi que les faiblesses d’un gouvernement se défaussant sur le Conseil constitutionnel après avoir permis à l’extrême droite d’exulter le 19 décembre. Reste que l’extrême-droite (LR et RN) subit un revers sévère ! Le combat contre cette idéologie nauséabonde continue plus que jamais jusqu’à son inéluctable reflux.

Les questions de justice sociale et les intérêts des travailleuses et des travailleurs sont aujourd’hui au cœur du débat politique et social. Nous appelons les agent·es de l’ESR à amplifier le vaste mouvement de syndicalisation amorcé en 2023. En se syndiquant, en se formant aux démarches syndicales, nos collègues participeront aux batailles pour défendre leurs droits et pour regagner et arracher de nouvelles conquêtes sociales.

Aujourd’hui, faire correctement son travail ne suffit plus pour être respecté : l’heure est au renforcement du mouvement syndical, pour regagner notre dignité de travailleuse et de travailleur.

Cette loi anti-sociale et xénophobe doit être complètement abrogée. La lutte continue !